Troubles dans la lecture et l’écriture : le système alphabétique en cause ?

En quelques années, les accompagnements personnalisés des enfants souffrant de troubles dits dyslexiques ou dysgraphiques se sont généralisés. La fréquence des troubles d’apprentissage en lecture et en écriture incite à considérer de près le système même employé : l’alphabet. Dans un système d’écriture alphabétique, nous aurions trop vite tendance à l’oublier, il n’y a rien à voir… Pas d’image, pas de figuration. Le transcodage phonologique (telle suite de graphèmes est à associer à telle suite de phonèmes) est imposé à l’enfant, en général avec lenteur, progressivement, mais sans relâche : l’instruction est obligatoire. Si plaisir il y a, dans la lecture, ou l’écriture alphabétique, ce n’est pas celui d’une figuration, d’un geste symbolique comme ce peut être le cas, au moins partiellement, dans une écriture à base d’idéogrammes. Ce ne peut-être, en écriture alphabétique, que d’avoir réussi à utiliser de façon efficiente le code qui impose que tel groupe de lettres se prononce ainsi. Le niveau de liberté accordé au lecteur ou à l’écrivant en système alphabétique est très réduit. On est lecteur d’un texte comme un diamant d’une platine de disques vinyles ; la forme des graphèmes n’apprendra rien sur le sens des mots, seulement sur leur son. Bien sûr, la prosodie et le rythme de la phrase permettent au lecteur de s’approprier, mais à supposer qu’il soit déjà un lecteur efficient, quelque chose du sens, de la tonalité affective, de l’intention même du texte.

L’écriture à base d’idéogrammes offre au regard quelque chose à voir : bien sûr la complexité en est telle qu’il serait illusoire d’imaginer que le lecteur naïf puisse deviner leur sens. Reste qu’une origine picturale, voire gestuelle, est indéniable dans les idéogrammes chinois de l’arbre, de l’homme, du trépied, du seuil, de l’eau, etc.. Le sens de l’idéogramme trouve son origine dans un dessin, non dans un son… Grande différence. La cohérence globale de l’écriture idéogrammatique est autrement plus puissante, dans l’expression possible qu’elle offre à une intention signifiante, que l’arbitraire association de phonèmes à des graphèmes dans l’écriture alphabétique. Dans cette perspective, et quelle que soit la pratique concernée (pédagogique, thérapeutique, artistique), tout encouragement vers les arts plastiques est susceptible de favoriser une vie psychique moins « écrasée » par l’impératif social d’utiliser un système d’écriture alphabétique dont le fondement même (le codage phonologique) est dénué de sens.

Ce contenu a été publié dans Non classé, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.