Psychologue à Brest (I) : la mer au creux de l’oreille…

Travailler comme psychologue à Brest, dans le Finistère, mène rapidement à considérer la proximité de l’océan… Proximité physique, bien sûr, encore que la ville de Brest, dans la rade, soit déjà un peu à l’abri des plus fortes tempêtes. Mais il s’agit surtout de la proximité psychique…

Ecouter des personnes travaillant ou ayant travaillé près de la mer, sur la mer, sous la mer… Ecouter des marins, ou des personnes dont les membres de la famille, depuis des générations, vont au contact de la mer, ou travaillent au service de ceux qui y vont : marins de la marine marchande ou militaire, marins pêcheurs, dockers, ostréiculteurs, sans oublier bien sûr tous les métiers techniques, scientifiques, liés à la recherche pétrolière, aux énergies marines, aux richesses halieutiques, gardiens de phares (ou leurs descendants, désormais, puisque cette profession a disparu) ou de sémaphores, secouristes, marins pompiers, chercheurs en océanographie, cartographes, architectes navals, charpentiers de marine, et les personnes exerçant l’un des nombreux métiers qui ne sont pas évoqués dans cette liste me le pardonneront…

Bien sûr, une relation toute particulière se tisse relativement au danger qu’elle évoque. L’adage le dit : il y a trois sortes d’hommes, les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer… L’incertitude concernant un proche embarqué a été en partie diminuée ces dernières années au moyen des télécommunications et de leur développement extraordinaire. Mais quelle que soit la réassurance que peut procurer le fait d’avoir pu parler ou échanger un mail avec un proche embarqué, l’angoisse continue de toute façon de travailler l’entourage proche du fait des dangers réels traversés par celui, ou celle, qui navigue. Et nous ne parlons pas des familles des sous-mariniers, qui peuvent envoyer des nouvelles mais n’en reçoivent pas : situation unique !

Et cependant, quelle que soit l’imprégnation marine qu’un port comme celui de Brest peut donner aux conversations qui s’y tiennent, il semble bien que toutes les conversations humaines, fussent-elles tenues très loin des rivages, tous les murmures, toutes les confidences bruissent du ressac, du déferlement des vagues et de leur retrait sur le littoral. C’est ce que nous prendrons le temps d’évoquer dans un prochain article, où il sera question de Thalassa, essai sur la théorie de la génitalité, du psychanalyste Sandor Ferenczi.

Copyright, Bouillon, 2016.

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