Comment choisir un psychologue ?

Le nombre de psychologues indépendants s’étant « installés à leur compte » s’est accru dans une telle proportion ces dernières années que quiconque cherche un(e) psychologue pour mener un travail personnel se retrouve désormais dans une situation difficile : comment choisir ? Voici nos réflexions sur ce délicat problème.

Un homme ou une femme ? Cela ne peut être qu’affaire de chacune, de chacun… Selon le problème à évoquer, l’histoire personnelle…  La facilité plus grande à parler avec une femme ou un homme… Nul ne peut savoir que soi..

Quelle orientation théorique ? Les psychologues cliniciens ont de manière générale reçu une formation spécifique relativement à la souffrance psychique ; ils ont également reçu des formations, dans leur cursus, délivrées par des neurologues et des psychiatres. Ce sont – en théorie… – les plus à même de distinguer les problématiques originales dans une situation donnée : vie de famille, vie professionnelle, vie intime. Mais nous reconnaissons que les parcours de formation et les positionnements théoriques sont tellement divers, les formations continues que suivent éventuellement les psychologues tout au long de leur carrière tellement variées, qu’il n’est pas si simple a priori de déterminer quel courant de la psychologie convient le mieux à quel type de problème : et quoi qu’en disent les « psys » eux-mêmes ! Car chaque psychologue aura propension à défendre son choix théorique, sa méthode…

C’est une rencontre singulière entre un(e) psychologue et la personne qui consulte… Cette vérité de la palisse  n’est certes pas d’une grande aide… sauf qu’elle rappelle l’essentiel !

Il reste de la plus haute importance de ne pas abandonner son esprit critique en consultant un(e) psychologue…

A la motivation de la personne consultant et cherchant à s’affranchir d’une situation pénible, souhaitant se dégager de ses souffrances, retrouver une créativité et une liberté de faire ses choix dans sa vie, doit répondre l’honnêteté intellectuelle du psychologue ! A ce prix-là, une rencontre singulière augurant d’un changement secourable est bel et bien possible.

L’honnêteté intellectuelle du psychologue doit consister, de prime abord, en la capacité à dire son cadre de travail : disponibilité du praticien, coût des séances, durée des séances, méthodes employées, également, et surtout, les limites de ce travail.

La durée totale d’un travail psychologique est une question importante. Si certains psychologues proposent d’emblée un nombre de séances prédéterminé, il nous semble précieux, cependant, que la personne consultant puisse être confiante dans la disponibilité sur le long terme, également en termes de jours et d’horaires… Il nous paraît problématique qu’une personne puisse parfois attendre des semaines, qui peuvent paraître fort longues, entre deux séances. Le coût doit pouvoir être abordé simplement ; oser en parler, dès le début, évite de se fourvoyer.

Le problème peut paraître insoluble… comment se faire confiance dans le choix d’un psychologue quand, du fait de difficultés psychiques, on ne parvient parfois plus à y voir clair dans sa réflexion ? Le psychologue consulté accepte-t-il de considérer cette question ? Peut-il, peut-elle dire son avis, sans pour autant l’imposer ? Le praticien accepte-t-il l’éventualité que la personne prenne un temps pour réfléchir avant de s’engager dans une reprise de rendez-vous ?

Notre indication sera la suivante. Ce qui peut aider à se décider pourrait (à notre avis…) se formuler ainsi : la personne cherchant à consulter éprouve-t-elle, suite à la conversation menée lors de la séance, qu’elle a disposé de suffisamment d’espace ? Espace-temps pour parler, pour éprouver des émotions, pour réfléchir à son rythme…

Cet espace-temps est ce qui permet à une personne en difficultés psychiques de déployer ses sentiments, ses angoisses, de dire ses attentes dans un climat de sécurité et de confiance suffisants. A l’évidence, ce n’est pas uniquement une question de formation, de choix théorique ; c’est également une question de personnes… Et personne ne peut savoir à notre place avec qui nous nous sentons suffisamment en confiance…

Souvent, une personne cherchant un(e) psychologue va craindre de tomber dans une forme de dépendance affective. A certains égards, cette crainte peut être fondée si le praticien manque de prudence ou de sérieux : raison pour laquelle nous avons rappelé l’importance de l’honnêteté intellectuelle du praticien. Aucun motif ne doit légitimer une quelconque propension à accroître ce sentiment éventuel de dépendance. Ce qui a été appelé le transfert par Freud, et qui est à l’oeuvre d’une façon ou d’une autre dans toute relation thérapeutique, la personne en consultation peut l’éprouver de diverses façons : attachement, rancune, peur d’être jugé(e), attente excessive d’être « sauvé(e) »…

Il revient au praticien, et c’est très nettement sa responsabilité professionnelle, de ramener dans les strictes limites du dialogue thérapeutique l’ensemble des émotions éprouvées par la personne en consultation. Ces émotions sont bien sûr issues soit de son passé, de sa situation de vie actuelle, de ses interactions avec l’environnement ou de ses attentes.

Rapportées au travail psychique personnel en cours, délimitées dans leur intensité, précisées quant à leur objet ou aux personnes destinataires, ces émotions pourront être considérées pour ce qu’elles sont. Les émotions vécues dans le cadre d’un travail psychologique peuvent devenir le matériau psychique dont la personne pourra prendre connaissance, s’affranchir ou s’enrichir, se distancier si nécessaire, ou que la personne pourra transformer en fonction de ses projets : selon ses besoins, ses aspirations, ses souhaits…

Retrouver une certaine forme de liberté psychique, c’est-à-dire de souplesse de vie émotionnelle, pouvoir à nouveau penser sa vie de façon un peu autonome, bien sûr une fois considéré l’ensemble des contraintes sociales, restent un idéal constant de tout travail personnel avec un psychologue.

 Yves-Marie Bouillon, Brest, 2016.

Copyright, Bouillon, 2016.

 

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